Nous sommes le 4 août, il est 7h30 du matin et je suis dans une station-service proche de Berne sur l’autoroute qui rejoint la France. Voilà mon point de départ pour mon retour à Rochefort après ce séjour en Suisse. J’ai deux étapes de prévues pour parcourir un peu plus de mille kilomètres.
Première étape : Berne-Grenoble
Il me faudra attendre une heure et demie avant de me lancer dans la direction de la France ; c’est un suisse qui me prend contredisant ainsi ce que j’avais pu entendre du stop en Suisse et après quelques refus par des chauffeurs français. Il est suisse-allemand mais parle très bien français car il travaille près de Lausanne où il me déposera une bonne heure plus tard sur une aire de repos. Je ne ferais que changer de voiture ici, en effet un homme de quatre-vingt ans boit un café devant sa voiture. La plaque étant française, je lui demande s’ il pourrait me déposer quelque part ; il va à Annecy, j’y vais aussi ! Cet homme qui paraît vingt ans de moins que son âge me raconte ses périples, dont un dans les années cinquante aux Etats-Unis. Après avoir étudié un an avec une bourse Fullbright il a commencé à voyager avec un ami puis a continué en stop. Finalement de rencontre en rencontre il ira jusqu’au Mexique avec un « vendeur de glaces » itinérant et sa coccinelle. Bien sûr il me fera penser au livre « Sur la Route » de Jack Kerouac ayant suivi plus ou moins le même itinéraire et à la même époque ; il ne connaissait pas ce livre, j’espère qu’il le lira un jour. Et c’est ainsi que je décide, ayant déjà bien avancé, de faire une halte à Annecy pour découvrir cette ville qui vaut vraiment le détour. Deux heures de marche dans les ruelles et deux sandwiches plus tard, il est temps de reprendre la route pour Grenoble. Il est 13h43 et je recommence à avancer armé de mon sac à dos et de mon pouce.
Arrivé là où je compte faire du stop, je me rends compte qu’il y a deux voies pour Grenoble sur le même rond-point : l’autoroute et la nationale. Je demande à un groupe de jeunes sur laquelle il y a plus de passage. Après avoir rigolé et conseillé le train, ils me disent de prendre la nationale et l’un d’eux qui a des cannettes m’en donne une. Il fait chaud et me dit que j’en aurai plus besoin que lui. L’après-midi commence bien !
Toujours sympa de se voir offrir à boire lorsque l’on fait du stop.
Je n’ai pas le temps de finir la canette qu’une voiture s’arrête et me propose de m’emmener jusqu’à l’entrée de l’autoroute. De nouveau je change de route et après avoir attendu une dizaine de minutes à l’entrée de l’autoroute et ramassé quelques déchets qui traînaient là, un prof de maths me prend. Il me dit qu’il ne va pas dans le centre ville de Grenoble, je lui réponds que moi non plus et il me dépose à cinq minutes de ma destination finale après un trajet sur autoroute mais également à travers les vignes savoyardes que je ne connaissais pas. Finalement j’arrive vers 15h30 à Grenoble, la journée de stop s’est excellemment bien passé et je suis fier et heureux de savoir que le stop en Suisse fonctionne !
Deuxième étape : Grenoble-Lyon
Le deuxième jour je devais aller chez une amie à Lyon et le trajet n’est pas très long. Je pars donc vers 16h30 pour être sur les sorties de bureau. Je pars du pont de la Bastille à la fin du cours Jean Jaurès, l’avenue la plus longue d’Europe paraît-il. Une première voiture m’emmènera jusqu’à une station-service sur l’autoroute de Lyon. Ici, après une petite demie-heure d’attente, je repars avec un couple très drôle qui fume comme des pompiers. Je pense retrouver mon amie trois-quarts d’heure plus tard. Mais finalement une fois arrivés dans Lyon, nous resterons encore une heure. Aussi bien pour passer voir quelque chose, je ne saurai jamais réellement quoi, que pour boire un café dans un PMU mais aussi parce que leur GPS ne semble pas leur meilleur ami et nous ferons donc demi-tour six ou sept fois dans Lyon. Finalement ils me déposeront derrière la gare après s’être trompés une dernière fois ! On a bien rigolé, on a pris du temps et je finis à pied. Stop facile encore une fois mais non sans surprise. C’est ça qui est super avec le stop, on ne sait jamais ce qu’il va se passer !
Si vous arrivez sans endroit où dormir vous pouvez trouver des hôtels sur Lyon pas cher en ligne !
Troisième étape : Lyon-Rochefort
Voici le type de trajet en stop que l’on peut redouter, traverser la France (plus de 600 km) sans aller dans la direction de Paris… Car oui grâce à nos itinéraires routiers on sait lorsque l’on doit traverser certaines parties de la France que la journée va être longue, très longue !
Je lève mon pouce un peu avant dix heure du matin à Lyon, après une vingtaine de minutes deux cyclistes s’arrêtent et m’expliquent que pour aller sur Clermont-Ferrand, il serait plus judicieux de passer via Saint-Etienne. Je traverse donc le carrefour et commence à faire du stop … en sens inverse ! Quelques minutes après, un autre auto-stoppeur arrive, il est allemand et part vers Nice. Il est également passé par la Suisse. L’attente est plus sympa et finalement après 45 minutes, une voiture s’arrête. C’est parti pour une journée-marathon !
C’est un jeune qui me prend, on parle bien voyage, il semble super intéressé et un peu rêveur, j’adore notre trajet mais il est déjà temps de descendre dans une station-service ; il y a beaucoup de passage et la voiture suivante ne se fait pas attendre ! Encore un jeune, il a 19 ans et c’est son premier long trajet et aussi la première fois qu’il prend en stop. Je vais rester plusieurs heures avec lui et nous aurons le temps de bien parler. Il remonte sur Tours, après avoir hésité je lui demande de me déposer vers Montluçon. Il me laisse sur une sortie d’autoroute qui se révèle être déserte. Je marche un peu jusqu’à la route départementale plus passante et là un camping-car s’arrête pour me prendre. A bord un papa et ses deux enfants, ils sont curieux et me posent plein de questions. Je me fais déposer vers Montluçon sur la route de Guéret et c’est ici que les soucis vont commencer. Même si les voitures sont assez nombreuses, les gens ne semblent pas vraiment habitués aux auto-stoppeurs ! Finalement un monsieur me prend pour une quinzaine de kilomètres et me dépose sur une petite sortie où je vais me croire bloqué ! Je lui avais demandé à l’avance si ce lieu était valable pour faire du stop. Il pensait que oui mais ce n’était visiblement pas le cas ! Je me retrouve à la sortie d’une zone commerciale où très peu de gens passent et vont certainement à moins de 15 kilomètres. Bref, j’étais en galère. Après avoir tenté de faire du stop sur la route à 110, je reviens à mon point de départ où, après une longue attente, un petit camion me prend et me dépose dans une station-service juste avant Guéret. Le stop est bien meilleur et c’est, pour la première fois, un poids lourd qui va me prendre en stop.
Contrairement aux idées reçues il est rare de se faire prendre en stop par un camion.
Il rentre chez lui pour des vacances et va à environ une heure de là où j’habite, c’est parfait ! Evidemment en camion la route prend plus de temps : on va moins vite et il y a des pauses obligatoires ! Mais ce trajet est très intéressant ! Pour une fois j’écoute plus que je ne parle. J’apprends beaucoup sur les poids-lourds et la manière dont cela fonctionne dans le métier. Il est donc 21 heures quand il me dépose. La nuit commence à pointer son nez, la fin du trajet va être compliqué. Finalement je trouverai des voitures qui me prendront sur de courtes distances. Quatre voitures avec des gens tous très différents : une fille qui sort du sport, un couple qui va au restaurant, un jeune qui rentre du travail (il se reconnaîtra peut-être car je fais toujours un peu de pub sur la route) et un autre qui partait en soirée sur Rochefort ma destination finale !!! J’aurais mis plus de douze heures pour traverser la France de Lyon jusqu’à la côte ouest ! Une très longue journée mais c’est encore une réussite en stop.
Et me voilà de retour chez moi sur la côte ouest déjà prêt à reprendre la route. Direction le sud de l’Espagne et vous l’aurez compris … je pars en stop !