Je reprends enfin le temps de vous raconter notre voyage en Nouvelle-Zélande. L’histoire de ce carnet de bord commence à Wellington, nous venons de traverser pour l’île du nord. On commence à visiter la ville mais l’atmosphère est pesante. Voici donc comment le covid a changé nos plans entre mi-mars et mi-mai 2020. Embarquement immédiat pour un confinement en Nouvelle-Zélande !
Wellington – anticiper le confinement
Promenade à Wellington
Vendredi 20 mars 2020, alors que nous sommes sur le camping gratuit (pour vans) d’Evans Bay, on décide de se rendre en centre-ville à pied par la côte. 6/7 kilomètres que beaucoup préfèrent s’éviter en prenant le bus … pas nous et on ne le regrettera pas ! Alors que nous avons marché à peine plus de 500 mètres de petites maisons sur pilotis longent la côte. L’une d’elle attire notre œil, elle est toute colorée ! Toute la façade est en effet magnifiquement peinte :
Évidemment nous prenons quelques photos et le propriétaire, arrivant de la maisonnette d’à coté nous invite à jeter un œil à l’intérieur. Nick a acheté cette cabane à l’abandon et l’a totalement retapé, aujourd’hui c’est son studio de musique où il fait du jazz avec ses amis. Un havre de paix, avec vue sur la mer au milieu de la capitale de la Nouvelle-Zélande. On papote pendant une bonne heure avant qu’il nous propose de nous montrer son magasin puis de nous emmener au sommet du Mont Victoria. Nous voilà en route pour son magasin de vêtements. C’est sa femme et une collègue qui créent les vêtements. Puis au sommet du Mont Victoria avec sa vue à 360° sur la ville et les différentes baies autour de Wellington. Nick doit aller travailler, il nous laisse ici et nous propose de venir diner chez lui le soir-même ! Nous espérions rencontrer plus de kiwis (néo-zélandais) en venant sur l’île du nord, plus peuplée, nous sommes servis !
On descend en direction du centre-ville à travers du parc connu car c’est là que se cachent les hobbits sous une racine dans le premier film du Seigneur des Anneaux. Bon, difficile d’imaginer la scène mais c’est marrant de se rendre compte qu’une telle scène à pu être filmée au milieu d’une ville de près d’un demi million d’habitants !
Certains magasins commencent à faire attention à cause du Covid, un café par exemple a mis une table à l’entrée et ne sers qu’à emporter, on ne peut pas rentrer dans le bâtiment. Mais sinon la vie ne semble pas (encore) avoir changé dans la capite de la Nouvelle-Zélande.
Un diner « aigre-doux »
Le soir nous sommes donc chez Nick, on a apporté une bouteille de vin, ils ont préparé un super diner. Tout semble normal. On se parle de nos vies, de nos voyages, de musique. Tout semble encore normal. Mais naturellement le sujet dévie. Une des filles de Nick vient de rentrer d’Australie, ses amis rentrent aussi, certain ont déjà perdu leur travail, d’autres ont peur d’être bloqué en Australie. La réalité du Covid semble pour la première fois être proche de nous.
En continuant de parler on apprend que Nick et sa femme ont déjà peur pour le magasin. Ils vont sans doute devoir fermer, de toute façon les clients ne viennent plus. Ils nous expliquent que ce sentiment que « la vie n’a pas encore changé à Wellington » n’est qu’un sentiment. Nous ne le savons pas mais les rues sont normalement bondées, c’est vrai qu’en y repensant, la ville était calme pour une capitale. Les magasins se vident, les bureaux aussi. Et les rumeurs indiquent que les écoles vont fermer ce lundi…
Un magnifique diner, avec des gens géniaux rencontrés le jour même mais qui laisse un goût amer sur ce qui pourrait (et va) suivre …
Un samedi pas comme les autres
Nous sommes maintenant le samedi 21 mars 2020, on a prévu d’aller visiter le musée national de la Nouvelle-Zélande, le musée Te Papa. On en a entendu que du bien ! Mais c’est aussi ce jour (et tant mieux pour nous peut-être) que la décision est prise de fermer le musée jusqu’à nouvel ordre à cause du covid. Les choses s’accélèrent !
En Europe et en France le confinement est déjà une réalité. Nous ne voulons pas être coincé dans le van sans pouvoir nous déplacer. Il est peut-être temps d’anticiper et d’essayer de trouver un endroit, au cas où … On décide donc d’aller à la bibliothèque pour avoir de l’électricité et du Wi-Fi. Le moment est venu de tenter de faire du Wwoofing.
Le Wwoofing, c’est quand on est nourri-logé en échange de quelques heures de travail par jour (4/5h en général), souvent dans une ferme mais pas uniquement. Je vous ferrai un article sur le sujet à l’occasion.
L’arrivée à la bibliothèque est également un signe qu’il faut s’organiser. Il faut s’inscrire à l’entrée, du gel hydro-alcoolique est disponible à l’entrée, les gens gardent leurs distances. Nous restons finalement sur une table dans un couloir à l’entrée de la bibliothèque. Nous ne sommes pas sur le site wwoof.nz mais sur un groupe facebook de wwoofing. J’y écris donc un message :
En repartant de la bibliothèque, nous savons que nous devons partir de Wellington, nous ne savons en revanche pas où nous allons.
Sur la route du confinement
On commence donc à s’éloigner un peu de Wellington et dormons dans un autre camping gratuit au bord de la mer à Mana. L’ambiance y est différente, on y parle avec deux français au matin du dimanche 22 mars. Ils essayent aussi de savoir comment ils veulent s’organiser. De notre coté on a reçu quelques messages pour du wwoofing dans différents endroit de l’île du nord. Plusieurs sont dans les environs de Te Puke, la zone d’où proviennent une grande partie des kiwis néo-zélandais, on doit continuer de partir au nord donc. L’endroit qui nous plait le plus se trouve lui 2h au nord de la où nous sommes. Sarah, nous a envoyé des photos des enfants, des chevaux … Lucy est conquise. Mais, ils ont une fille au pair qui part dans deux semaines, je ne veux pas attendre deux semaines. Lucy adore et propose qu’on aille voir quand même car c’est sur le chemin de Te Puke de toute façon. je propose à Sarah qui accepte, on y passera donc le lendemain midi.
Sur le chemin on continue de visiter un peu en même temps même si le rythme n’est plus le notre, on est pressé ! Nouvelle nuit au bord de la mer à Waikanae. Nous sommes maintenant le lundi 23 mars 2020 on fait quelques courses, les gens ont commencé à se ruer sur les magasins… On fait aussi réparer un de nos pneus qui a une micro-crevaison.
Finalement après avoir visité une forêt enchantée à Waitarere Beach nous prenons la direction de Marton/Hunterville. Nous arrivons chez Sarah et Sam il est 13h30.
Un nouvel endroit à appeler « home »
On arrive donc dans cette ferme sans savoir que Johnny, notre van, ne mettra pas une roue dehors pour plus de six semaines !
Sarah nous accueille en nous demandant si nous avons déjà entendu la nouvelle. Non. Jacinda Ardern a annoncé un confinement très restrictif dans tout le pays à compter du mercredi 25 mars 23h59. Tout doit fermer dans les prochaines 48h !
Les supermarchés, les stations services et les centres de santé peuvent rester ouvert, le reste doit fermer. Ici ils produisent de la viande et peuvent donc continuer à travailler mais l’équipe ne doit être en contact avec personne en dehors de la ferme.
Après avoir passé une heure sur place, Sarah nous demande ce que nous en pensons et ce que sont nos plans. La réponse est simple : on serait heureux de pouvoir rester ici, mais uniquement si on peut rester à partir du jour-même. C’est tout bon pour Sarah, qui est heureuse d’avoir plus d’aide à la maison. Nous venons de trouver notre nouvelle maison pour les semaines à venir.
L’annonce est faite pour des mesures qui font rester probablement pour plusieurs semaines, on n’en sait pas plus.
Trouver nos marques dans cette nouvelle vie de confinés
Nous sommes donc 8 dans la maison :
– Sarah, Sam et leurs trois enfant Delta (5 ans), Mila (3 ans) et Flynn (18 mois)
Évidemment, c’est le premier confinement pour tout le monde. C’est aussi notre premier wwoofing, pour Sarah et Sam aussi, ils ont déjà eu plusieurs « Au Pair » comme Ana mais nous sommes leurs premiers wwoofeurs.
Ana, est donc encore là pour deux semaines, si elle peut rentrer en Allemagne. Nous dormons donc dans le van et notre premier travail est de nettoyer un petit salon/cuisine qui se trouve dans l’écurie. Ce sera notre petit « chez-nous » en plus du van. Sarah « et les enfants » nous aident, nous ne le savons pas encore mais ce sera comme ça la plupart du temps, quand on travail c’est tous ensemble, et ça c’est quelque chose de super !
Au début Lucy se demande régulièrement si on travaille/aide suffisamment. Car en effet, on a rarement un travail à faire. Finalement, nous faisons beaucoup de peinture (toutes les palissades), le jardin (qui avait légèrement été abandonné), on va aider à la ferme… Même si sur la ferme c’est plus pour que l’on puisse voir à quoi cela ressemble que pour vraiment les aider.
Bref, au fil des jours on comprend que l’on n’aura pas de tâches précises. Du coup on bosse sur ce qu’il y a à faire et on aide au max, en réalité c’est comme si je vivais chez quelqu’un de ma famille, on vit ensemble donc on travaille ensemble et on aide.
État des lieux du confinement
Je vous ai dit que nous étions donc arrivés sur une ferme, mais je ne vous ai pas encore expliqué en détail alors voici à quoi ressemble la ferme où nous vivons :
Une grande maison très récente avec de grandes baies vitrées sur les champs (à gauche sur la photo). C’est souvent comme-ça ici, on aime voir les étendus de terrains, et dans l’idéal sans autre maison. Ici, il y en a une petite cachée derrière des arbres … C’est déjà trop ! 😉 Il y a également une grande écurie avec 8 boxes, c’est là que Johnny est garé. Comme c’est la fin de l’été ils sont souvent vide car les chevaux sont dans les paddocks. Des chevaux il y en a 9 (dont 4 poneys) autour de la maison, il y a aussi quelques vaches mais après quelques jours elles sont déplacées. On a aussi 6/7 moutons qui se baladent dans les paddocks, dont Raspberry, le mouton-animal de compagnie de Delta. Il y a aussi les chiens 9 chiens pour travailler, un chiot qui deviendra également un chien de berger et Hunter, le chien de compagnie. Il y a aussi les Mélanie, les 4 poules de la maison. Le tout donc sur un terrain de 30 hectares … Et ça ce n’est que la maison !
Et oui, en plus de tout ça il y a 500 hectares de terres au bord de la mer et plus de 5000 hectares dans les hauteurs. Car oui ils ont 23000 moutons à l’année (près de 50000 avec les agneaux) et 7000 bœufs. Alors clairement, moi qui n’achète plus de viande et qui en mange peut-être une fois par semaine … Ca m’a bien changé ! Ca a continué à me faire réfléchir aussi. Car souvent, à raison, on critique les fermes où les animaux sont entassés. Ici, l’espace n’est pas du tout un problème, mais malgré tout ils reçoivent des hormones, on leur coupe la queue… Du coup, je continue à développer mon avis sur le fait de manger de la viande, sous quelles conditions. Mais revenons à nos moutons (désolé pour cette très mauvaise blague haha), le confinement !
8 semaines en confinement
Vie de famille à l’autre bout du monde
C’est donc dans cette famille, dans cette ferme que nous avons passé nos 8 semaines de confinement. Ce que je retiendrai de ce temps passé dans notre bulle c’est que le temps passe vite ! Surtout quand on y repense… On a eu la chance de ne pas être enfermé dans un appartement en ville, de pouvoir rencontrer toutes les personnes travaillant sur la ferme, d’avoir un peu de travail, d’être bien occupé avec les enfants, de pouvoir nous promener, de pouvoir prendre du temps pour nous et enfin de nous faire de nouveaux amis !
Car oui, avec ce confinement on s’est fait de nouveaux amis, Sarah avec qui nous passions presque nos journées et devenue une amie. On a également compris par la suite que c’était une des raisons pour laquelle elle voulait des wwoofeurs à la maison : pour avoir de la compagnie. On le sait quand on vit à la campagne, on l’apprend sinon pendant un confinement, mais la solitude peut (pour certains) vite peser. Cette chaleur humaine, dont certain ont manqué pendant le confinement, nous en avons eu beaucoup ! On a au passage beaucoup appris, vu, découvert de la vie des kiwis (néo-zélandais). On voulait le faire pendant ce voyage, mais nous n’aurions jamais fais deux mois de pauses si les circonstances ne nous y avaient pas obligé. Et nous en sommes reconnaissants !
Au travail dans une ferme néo-zélandaise !
En arrivant on pensait travailler 4 ou 5h par jour sur la ferme et ensuite être tous les deux. Si ce n’a pas été le cas niveau social, niveau travail non plus ! En effet, en 8 semaines nous allons aider sur les fermes seulement 3 ou 4 fois. La plupart du temps c’est à la « maison » que nous aidons. Et plutôt que 1000 mots – l’article est déjà long – voici ce que nous avons fais durant ce temps en images :
La fin du confinement, retrouvailles avec la route
Finalement c’est le lendemain de mon anniversaire, le 18 mai, que nous reprenons la route. Durant la semaine nous avions testé Johnny et roulé avec lui à la plus grande des trois parties de la ferme. Il avait eu besoin d’un coup de main au démarrage après tout ce temps mais sinon Johnny est aussi près que nous à rependre la route.
Mais revenons d’abord sur le dimanche 17 mai 2020, aujourd’hui j’ai 29 ans. La trentaine approche, ma maman me rappelle d’ailleurs que je commence déjà à vivre ma trentième année… Le temps d’un bilan ? Le stress de vieillir ? Se poser des questions sur nos choix de vie ? En bon normand (que je suis quand j’ai envie de l’être), je dirais oui et non ! Car clairement les années passent, notre maison est un van, notre adresse en Nouvelle-Zélande celle d’un ami décédé, mon adresse en France, celle de ma maman, mes chances d’avoir une retraire : 0 (bon courage à ceux qui croient en avoir une un jour haha). Bref, c’est pas vraiment le cliché du trentenaire bien installé. Mais en fait je m’en moque, je m’en moque pour deux raisons très simples : je suis libre et heureux ! Et ce dimanche en est une belle preuve. Alors oui je pourrais me plaindre de ne pouvoir fêter mon anniversaire avec ma maman, la technologie me permet de partager ce moment sur Whatsapp avec elle. Je pourrais me plaindre de ne pas faire la fête avec mes amis, mais je célèbre mon anniversaire avec ces personnes que je ne connaissais il y a deux mois et qui sont aujourd’hui une partie de ma famille néo-zélandaise ! Je pourrais encore trouver plein de raisons de ne pas profiter de cet anniversaire mais je me réveil avec un magnifique gâteau (merci Lucy et les enfants), je monte à cheval aujourd’hui (merci Sarah et Sam), je partage des mojitos (merci moi haha)… Bref, une belle journée dans la campagne néo-zélandaise.
En prenant la route le lendemain, il y a un peu de mélancolie, on se demande si nous reverrons Sarah, Sam, Delta, Mila et Flynn. Mais il y a aussi beaucoup d’excitations ! Nous reprenons notre voyage, après deux mois de pause et nous avons des plans plein la tête. Le premier c’est de se rendre au Tongariro pour faire un trek de 4 jours (en 2 jours). Ce trek est clairement l’une des plus belles randonnées de Nouvelle-Zélande pour nous. Nous voulons aussi aller voir la famille maori de la sœur de Lucy à Napier. Nous voulons aller voir le premier lever de soleil depuis la terre ferme au monde …
Bref, le retour sur la route est plein de promesses, mais ça je vous en parlerai dans le prochain carnet de bord !
PS : Tu as loupé le début de l’histoire ? Tu veux savoir ce que nous avons fait durant notre PVT en Nouvelle-Zélande ? Alors je t’invite à te replonger dans mes carnets de bord et tu peux commencer par le premier qui parle de notre arrivée en Nouvelle-Zélande !